Septembre 2023 - Shakira Est En Couverture Du Magazine BILLBOARD

 Le nouveau single est une collaboration avec Fuerza Regida. C'est un ska mexicain qui sonne très frais, très original, très punk en quelque sorte. Il y a beaucoup d'énergie. La chanson s'intitule "El Jefe" ["Le Patron"] et parle d'abus de pouvoir. Nous avions la chanson et nous nous sommes demandé qui nous pourrions prendre pour cette chanson, et nous avons pensé à Fuerza Regida. La voix de JOP est très particulière. Nous lui avons écrit, il est arrivé le lendemain de Los Angeles et nous avons enregistré en trois jours.

Un nouveau single sortirait éventuellement en novembre.

En ce qui concerne "TQG" avec Karol G, nous avons tous les deux vécus des ruptures publiques qui ont un dénominateur commun. C'est ce qui a inspiré la chanson, sur laquelle nous avons tous les deux travaillé. C'est un projet auquel j'ai cru dès le départ, et c'est pourquoi j'y ai consacré autant de temps.

La vidéo d'Ozuna [pour "Monotonía"] était aussi mon idée. Pour la plupart des vidéos, je me retrouve à coréaliser, à coécrire et même à concevoir les objets avec le département artistique. Je m'implique vraiment à fond parce que j'ai l'impression que le monde de l'audiovisuel exprime un côté très onirique et se connecte à la chanson à partir du subconscient. Il permet au subconscient de s'exprimer. Lorsque je réalise une vidéo, je ferme les yeux et je rêve.

Copa Vacia : la sirène est un symbole qui représente cette partie de moi qui a été enlevée et emmenée d'un monde où elle appartient à un monde où elle n'appartient pas. Un monde dans lequel elle a dû faire d'énormes sacrifices. Un monde où elle a peut-être manqué d'oxygène. Mais à la fin, elle retourne à la mer parce que c'est son destin, tout comme je suis retourné à Miami. (Rires) Cette sirène a d'abord été enlevée et ensuite, par amour, elle se retrouve à côté de cet homme, captive et enfermée en quelque sorte. Elle sacrifie son propre bien-être et ce qui lui est naturel par amour. Et elle finit par être jetée à la poubelle et entourée de rats.

Il y a toujours un côté positif. La vie parvient toujours à compenser d'une manière ou d'une autre. En un an, j'ai perdu ce que j'aimais le plus, la personne en qui j'avais le plus confiance, mon meilleur ami : mon père. Il a perdu une grande partie de ses fonctions neurologiques à la suite de l'accident qu'il a eu à Barcelone [une chute en juin 2022]. Et il est allé à Barcelone précisément pour me consoler, pour me soutenir au moment de ma séparation. Je me suis dit : "Comment peut-il m'arriver autant de choses en un an ?" Mais c'est la vie.

À partir de là, ma musique a également pris un nouvel essor, et je suppose que c'est ainsi que la vie compense. On soustrait d'un côté et on ajoute de l'autre. C'est de la pure mathématique. Dans ma neuvième vie, je vous dirai quel est le total. Parfois, je me dis que le bonheur n'est pas pour tout le monde. Le bonheur est un luxe, une marchandise. Certaines personnes sont nées pour être heureuses, et d'autres sont nées pour faire des choses, servir la communauté. Je ne sais pas.

En 2021, vous avez vendu les droits d'édition musicale de votre catalogue de 145 chansons à Hipgnosis. Pourquoi ?

Je suis très ami avec Merck [Mercuriadis]. C'est un expert en musicologie qui connaît parfaitement mon catalogue, depuis la toute première chanson que j'ai écrite à l'âge de 8 ans. Je sais que mes compositions sont entre de bonnes mains avec lui comme gardien, et j'en suis très heureux. Ils font du très bon travail. Si vous vendez votre catalogue, vous voulez être sûr que c'est à quelqu'un qui apprécie votre musique et qui s'y connaît.

Sur le fait qu’elle ait assisté au concert de Beyoncé : Je sais que vous prévoyez de partir en tournée l'année prochaine, et j'ai vu des photos de vous lors de la tournée de Beyoncé. Vous aviez l'air de vous amuser.

« Oh, non. Je travaillais ! (Rires) Je ne peux certainement pas faire une tournée avec autant de camions que Beyoncé, mais je prenais des notes. »

Beaucoup de mes tournées n'avaient pas de danseurs et une production limitée. Lors de la tournée de la Mangouste [2002-2003], qui a été l'une de mes tournées les plus réussies, avec la plus grosse production, j'ai voyagé avec le serpent qui s'est levé au début du spectacle, vous vous souvenez ? Ce serpent a coûté un million de dollars et son transport, plusieurs millions de plus. À la fin de la tournée, mon manager m'a demandé sa commission, et j'ai dit : "Ah, et combien j'ai gagné avec la tournée ?" Il m'a répondu : "Non, tu as perdu 6 millions de dollars. Vous ne vouliez pas voyager avec ce cobra ?" On vit et on apprend.

L'organisation d'une tournée est amusante, mais c'est un grand effort et vous devez tout mettre dans la balance et décider ce que les fans veulent vraiment entendre, quelles chansons vous voulez entendre et quelle quantité de production vous voulez. En fin de compte, plus il y a de production, plus le prix du billet est élevé. Je veux que les billets soient abordables. Mais pour moi, le plus important, c'est le répertoire. C'est pourquoi je pense que ma prochaine tournée sera la tournée d'une vie, parce que j'ai tellement de chansons.

Ma force. Je me croyais beaucoup plus faible. Je m'effondrais devant les problèmes les plus stupides. Je faisais un drame parce que je m'étais cassé une dent ou ce genre de choses. Mais en mûrissant, en passant par des choses vraiment difficiles, on prend du recul et on fait preuve d'empathie. On apprend à apprécier les bons moments et à ne pas amplifier les mauvais.

En tant que femme, j'ai le sentiment d'avoir une responsabilité. Je pense aussi que la musique est un outil, une plateforme pour me valider en tant que femme et pour valider mes propres idées, mais il n'y a pas d'intention calculée derrière ce que je fais. Mais je comprends la responsabilité qui découle de ce que j'ai, du fait d'être une personne publique et de pouvoir faire de la musique pendant si longtemps et toucher plusieurs générations. Je sais que des petites filles me voient, vont à mes concerts, écoutent ma musique. C'est toujours dans mon esprit.

Session 53 a été assez controversé, "Lorsque j'ai fait cette session, des membres de mon équipe m'ont dit : "S'il te plaît, change ça. Ne pensez même pas à sortir ces paroles." Et j'ai dit : "Pourquoi pas ?" Je ne suis pas diplomate aux Nations unies. Je suis un artiste et j'ai le droit de travailler sur mes émotions à travers ma musique. C'est ma catharsis et ma thérapie, mais c'est aussi la thérapie de beaucoup de gens. Je sais que je suis la voix de nombreuses personnes, et je ne suis pas prétentieuse, juste réaliste. Je prête ma voix à de nombreuses femmes qui voulaient peut-être dire les mêmes choses que moi, mais qui n'ont peut-être pas eu la validation nécessaire pour le faire. Je pense que des chansons comme la session Bizarrap ou comme celle que j'ai faite avec Karol ont donné à de nombreuses femmes la force, l'autonomie, la confiance en soi et aussi le soutien nécessaire pour exprimer et dire ce qu'elles ont besoin de dire."

Aujourd'hui, le studio est l'un des endroits où je me sens bien. Dans le passé, ce n'était pas tellement le cas. Il y a eu des moments où j'ai eu une relation amour/haine. La perspective de me retrouver devant une toile vierge m'effrayait quelque peu. Aujourd'hui, lorsque je suis sur le point de commencer une chanson, je ressens plutôt de l'impatience. Peut-être parce que je ne suis plus un maniaque du contrôle comme avant ? […] J'ai beaucoup lâché prise ! Je contrôle toujours, mais je ne suis pas un monstre. Qui n'aime pas le contrôle, d'une certaine manière ? Vous voulez réaliser votre vision. Mais j'ai beaucoup lâché prise.